La boxe, ce noble art séculaire, a vu défiler des légendes dont les noms résonnent encore dans les salles d'entraînement et arènes du monde entier. Ces athlètes d'exception ont transcendé leur sport par leur technique, leur puissance, leur charisme ou leur impact culturel. Lorsqu'on évoque les plus grands boxeurs de tous les temps, certains noms s'imposent systématiquement dans les discussions entre passionnés, experts et historiens de la discipline. Ces champions ont marqué l'histoire non seulement par leurs exploits sur le ring, mais aussi par leur personnalité et leur influence sur les générations suivantes.

Les débats sur le "plus grand" boxeur restent perpétuellement ouverts, chaque époque ayant ses propres critères d'évaluation, ses propres champions et ses propres défis. Cette hiérarchie fluctuante reflète l'évolution constante d'un sport où la technique, la stratégie et la préparation physique n'ont cessé de progresser. Pourtant, malgré ces évolutions, quelques noms transcendent les époques et s'imposent systématiquement dans toute discussion sur l'excellence pugilistique.

Muhammad ali, le légendaire "greatest of all time"

Né Cassius Marcellus Clay Jr. en 1942 à Louisville dans le Kentucky, Muhammad Ali s'est autoproclamé "The Greatest" - et peu de spécialistes oseraient le contredire aujourd'hui. Sa carrière exceptionnelle s'étend sur trois décennies, durant lesquelles il a révolutionné le monde de la boxe par son style unique, alliant une vitesse stupéfiante pour un poids lourd à une intelligence tactique remarquable. Ali n'était pas seulement un boxeur, mais un véritable phénomène culturel qui a transcendé son sport pour devenir une icône mondiale.

Son palmarès parle de lui-même : 56 victoires (dont 37 par KO) pour seulement 5 défaites. Il a été champion du monde des poids lourds à trois reprises, réalisant l'exploit de reconquérir ce titre alors que beaucoup le croyaient fini. Ce qui distingue Ali de ses contemporains, c'est sa capacité à s'imposer face aux plus grands boxeurs de son époque - Sonny Liston, Joe Frazier, George Foreman, Ken Norton - dans des combats devenus légendaires.

Le parcours olympique d'ali et la médaille d'or de rome 1960

La carrière internationale d'Ali débute aux Jeux olympiques de Rome en 1960, où il remporte la médaille d'or dans la catégorie des poids mi-lourds à seulement 18 ans. Cette victoire le propulse sur le devant de la scène et annonce l'émergence d'un talent exceptionnel. Face au Polonais Zbigniew Pietrzykowski en finale, le jeune Clay démontre déjà les qualités qui feront sa renommée : rapidité, précision et une capacité d'adaptation remarquable.

Cette médaille d'or olympique marque un tournant décisif dans sa carrière, lui ouvrant les portes du professionnalisme. Selon la légende, Ali aurait jeté sa médaille dans l'Ohio River après s'être vu refuser l'entrée d'un restaurant en raison de sa couleur de peau. Bien que cette histoire ait été nuancée par Ali lui-même, elle illustre parfaitement le personnage et son combat permanent contre l'injustice raciale.

Le combat "rumble in the jungle" contre george foreman en 1974

Le 30 octobre 1974 à Kinshasa, au Zaïre (aujourd'hui République Démocratique du Congo), Muhammad Ali affronte George Foreman dans ce qui sera surnommé le "Rumble in the Jungle". Face à un adversaire plus jeune, plus fort et considéré comme invincible après avoir détruit Joe Frazier et Ken Norton, Ali est donné largement perdant. Pourtant, il va créer la sensation en mettant KO Foreman au 8ème round après avoir employé une stratégie audacieuse.

La stratégie du rope-a-dope était parfaite contre Foreman. Je savais qu'il s'épuiserait en tentant de me frapper. Quand les grands frappeurs manquent leurs coups, ils se fatiguent doublement.

Ce combat historique, suivi par plus d'un milliard de téléspectateurs à travers le monde, est considéré comme l'un des plus grands exploits sportifs du XXème siècle. Il témoigne de l'intelligence tactique d'Ali et de sa capacité à inventer de nouvelles stratégies en fonction de ses adversaires.

La trilogie Ali-Frazier qui a redéfini la boxe

Entre 1971 et 1975, Muhammad Ali et Joe Frazier s'affrontent à trois reprises dans une série de combats qui marqueront à jamais l'histoire de la boxe. Ces affrontements titanesques entre deux styles diamétralement opposés - le boxeur technicien face au puncheur infatigable - constituent l'une des plus grandes rivalités sportives de tous les temps.

Le premier combat, surnommé "Fight of the Century" et disputé le 8 mars 1971 au Madison Square Garden, voit Frazier l'emporter aux points après avoir envoyé Ali au tapis au 15ème round. Ali prend sa revanche lors du deuxième affrontement en 1974, avant que les deux hommes ne se retrouvent une dernière fois pour le "Thrilla in Manila" en 1975, combat d'une intensité rarement égalée qu'Ali remporte par abandon de Frazier après le 14ème round.

Cette trilogie illustre parfaitement l' évolution constante d'Ali comme boxeur, capable d'adapter sa stratégie et son style à mesure que son corps perdait en vitesse mais gagnait en expérience. Elle témoigne également de la profondeur du réservoir de champions dans les années 70, considérées comme l'âge d'or des poids lourds.

L'héritage culturel et politique d'ali au-delà du ring

L'impact d'Ali dépasse largement le cadre sportif. Sa conversion à l'islam en 1964, son refus d'être incorporé dans l'armée américaine pendant la guerre du Vietnam ("Je n'ai rien contre les Vietcongs, aucun Vietcong ne m'a jamais traité de nègre"), son combat contre le racisme et l'injustice ont fait de lui une figure politique majeure de son époque. Ces prises de position lui coûtent d'ailleurs son titre mondial et trois années de carrière, entre 1967 et 1970.

Cette dimension politique et sociale confère à Ali une stature unique dans l'histoire du sport. Il n'est plus seulement un champion, mais un symbole de résistance et de dignité pour des millions de personnes à travers le monde. Son charisme exceptionnel, son sens de la formule et sa capacité à faire du sport une tribune pour ses idées ont contribué à façonner l'image du sportif engagé moderne.

Les techniques révolutionnaires: le "rope-a-dope" et le "ali shuffle"

Sur le plan purement technique, Ali a introduit plusieurs innovations qui ont révolutionné l'approche du combat chez les poids lourds. Contrairement aux champions qui l'ont précédé, Ali mise sur la vitesse, le mouvement perpétuel et l'esquive plutôt que sur la puissance brute. Son jeu de jambes extraordinaire, symbolisé par l'"Ali shuffle", lui permet de se déplacer avec une agilité stupéfiante pour un homme de sa taille.

Le "rope-a-dope", stratégie consistant à s'appuyer contre les cordes pour encaisser les coups tout en faisant dépenser un maximum d'énergie à l'adversaire, témoigne de son intelligence tactique. Cette approche, perfectionnée contre Foreman, deviendra une référence en matière de stratégie de combat défensive et illustre la capacité d'Ali à transformer ses faiblesses (diminution de sa mobilité avec l'âge) en forces.

Mike tyson et l'ère de la domination par K.O.

Dans les années 1980, un jeune prodige bouleverse le monde de la boxe avec une violence et une efficacité rarement vues dans l'histoire des poids lourds. Mike Tyson, surnommé "Iron Mike", s'impose comme le boxeur le plus redouté de sa génération. Sa puissance phénoménale, sa vitesse d'exécution et son intensité en font une machine à KO quasiment inarrêtable durant ses meilleures années. Dans un sport où la peur joue un rôle crucial, Tyson a réussi à terroriser nombre de ses adversaires avant même qu'ils ne montent sur le ring.

Son style, basé sur l'agression constante et la recherche du KO dès les premiers instants du combat, a ramené les foules vers la boxe après l'ère Ali. Entre 1985 et 1990, Tyson domine la catégorie reine de manière écrasante, unifiant les titres WBC, WBA et IBF en 1987. Son palmarès final affiche 50 victoires (dont 44 par KO) pour 6 défaites, mais ces statistiques ne rendent pas justice à la domination totale qu'il a exercée durant ses années de gloire.

Le plus jeune champion poids lourd de l'histoire à 20 ans

Le 22 novembre 1986, Mike Tyson entre dans l'histoire en devenant le plus jeune champion du monde des poids lourds de tous les temps. À seulement 20 ans et 4 mois, il terrasse Trevor Berbick par KO technique au deuxième round pour s'emparer du titre WBC. Ce record, toujours d'actualité, témoigne de la précocité exceptionnelle du boxeur de Brooklyn.

Ce qui impressionne dans cette conquête précoce, c'est non seulement la victoire en elle-même, mais la manière dont elle a été obtenue. Tyson ne se contente pas de battre Berbick, il le détruit littéralement, le dernier knockdown étant particulièrement spectaculaire avec Berbick tentant de se relever à trois reprises avant de s'effondrer définitivement. Cette démonstration de puissance brute annonce l'ère de terreur qui va suivre.

La technique Peek-a-Boo développée avec cus D'Amato

Contrairement à l'image de brute épaisse qui lui a parfois été attribuée, Mike Tyson était un boxeur extrêmement technique. Sous la direction de Cus D'Amato, son mentor et père adoptif, il développe et perfectionne le style "Peek-a-Boo", caractérisé par une garde haute, des mouvements de tête constants et des esquives latérales permettant de se faufiler sous la garde adverse pour porter des coups dévastateurs à courte distance.

Cette technique, idéale pour un boxeur relativement petit pour la catégorie (1m78), compensait son désavantage de taille et d'allonge face à des adversaires souvent plus grands. La combinaison de cette approche défensive sophistiquée avec une puissance de frappe phénoménale faisait de Tyson un combattant complet, capable de terminer un combat en quelques secondes.

La défense crée l'attaque. Un boxeur qui sait se protéger peut prendre les risques nécessaires pour porter des coups décisifs sans s'exposer excessivement.

Les 19 K.O. consécutifs qui ont bouleversé le monde de la boxe

Le début de carrière de Mike Tyson est tout simplement vertigineux. Ses 19 premiers combats professionnels se soldent tous par des victoires avant la limite, dont 12 dès le premier round. Cette série impressionnante établit sa réputation de destructeur et génère une aura d'invincibilité qui contribue grandement à son succès.

L' efficacité redoutable de Tyson pendant cette période frappe l'imagination du public et des spécialistes. Sa capacité à terminer les combats rapidement, souvent de manière spectaculaire, révolutionne la perception du poids lourd moderne. Après l'ère Ali, caractérisée par la finesse technique et la stratégie, Tyson ramène la boxe à ses fondamentaux les plus brutaux : frapper fort, frapper vite, frapper le premier.

La morsure d'oreille d'evander holyfield et les controverses

La carrière de Tyson est malheureusement également marquée par des controverses et des scandales qui ont terni son image. L'épisode le plus tristement célèbre reste sans conteste le combat du 28 juin 1997 contre Evander Holyfield, au cours duquel Tyson mord l'oreille de son adversaire à deux reprises, entraînant sa disqualification immédiate et une suspension de quinze mois.

Cet incident, qui a choqué le monde entier, illustre les démons intérieurs qui ont toujours habité Mike Tyson. Ses problèmes judiciaires (notamment sa condamnation pour viol en 1992 qui lui vaut trois ans de prison), ses excès et son instabilité émotionnelle ont considérablement écourté sa période au sommet. Ils soulèvent également la question cruciale de la gestion d'un talent aussi brut dans un sport aussi violent, et des responsabilités de l'entourage d'un champion.

Sugar ray robinson, la référence technique absolue

Si Muhammad Ali s'est autoproclamé "The Greatest", c'est pourtant lui-même qui désignait Sugar Ray Robinson comme le plus grand boxeur de tous les temps. Né Walker Smith Jr. en 1921, Robinson a dominé les catégories des poids welters et moyens des années 1940 aux années 1950 avec une maestria technique jamais égalée. Son nom est devenu synonyme d'excellence pugilistique, au point que le terme "pound for pound" (livre pour livre) a été inventé spécifiquement pour décrire sa supériorité technique, indépendamment des catégories de poids.

Robinson incarnait la perfection technique dans toutes les dimensions de la boxe : attaque, défense, déplacements, timing, puissance, précision. Sa boxe fluide et élégante, combinée à une puissance de frappe redoutable, faisait de lui un combattant complet, capable de s'adapter à tous les styles et toutes les situations. Pour de nombreux spécialistes, il représente l'essence même du noble art dans sa forme la plus pure.

Le record impressionnant de 175 victoires en 200 combats

Les statistiques de Sugar Ray Robinson donnent le vertige : sur 200 combats professionnels, il a remporté 175 victoires (dont 108 par KO),

pour seulement 19 défaites et 6 matchs nuls. Une longévité et une constance remarquables qui s'étendent sur plus de 25 ans de carrière professionnelle. Plus impressionnant encore, Robinson a maintenu un niveau d'excellence inégalé pendant cette période, affrontant et battant plusieurs générations de boxeurs d'élite.

Sa série de 91 victoires consécutives en début de carrière (dont 70 remportées avant la limite) reste l'une des plus grandes performances de l'histoire de la boxe. Cette domination sans partage s'est traduite par de multiples conquêtes de titres mondiaux : Robinson a été champion du monde des welters de 1946 à 1951, puis champion du monde des poids moyens à cinq reprises entre 1951 et 1960.

Cette constance dans l'excellence constitue peut-être l'argument le plus convaincant pour le considérer comme le plus grand boxeur de tous les temps. Contrairement à d'autres légendes dont la carrière comporte des hauts et des bas, Robinson a maintenu un niveau stratosphérique pendant plus de deux décennies.

La rivalité classique avec jake LaMotta et les six affrontements

Entre 1942 et 1951, Sugar Ray Robinson et Jake LaMotta, surnommé "Raging Bull" (le Taureau Enragé), se sont affrontés à six reprises dans une série de combats qui incarne parfaitement l'âge d'or de la boxe américaine. Cette rivalité historique oppose deux styles diamétralement opposés : la finesse technique et la rapidité de Robinson face à la puissance brute et l'endurance légendaire de LaMotta.

Robinson remporte cinq de ces six affrontements, mais chaque combat est une bataille acharnée. Le seul succès de LaMotta intervient lors de leur deuxième duel en 1943, lorsqu'il parvient à envoyer Robinson au tapis avant de s'imposer aux points. Cette défaite reste la première subie par Sugar Ray dans sa carrière professionnelle, après 40 victoires consécutives.

J'ai combattu Sugar Ray tellement de fois que j'en ai attrapé le diabète.

Le dernier chapitre de cette rivalité, disputé le 14 février 1951 et surnommé le "Saint Valentine's Day Massacre", s'avère être le plus brutal. Robinson, désormais monté en poids moyen, inflige à LaMotta une punition si sévère que l'arbitre arrête le combat au 13ème round, permettant à Sugar Ray de s'emparer du titre mondial des moyens. Malgré la violence de l'affrontement, LaMotta ne tombe jamais au tapis, confirmant sa réputation de boxeur à la résistance surhumaine.

L'influence sur le style de combat des générations futures

L'héritage technique de Sugar Ray Robinson transcende les époques. Son style fluide, ses combinaisons impeccables et sa maîtrise des fondamentaux ont servi de modèle à des générations entières de boxeurs. Des champions comme Muhammad Ali, Sugar Ray Leonard (qui a emprunté son surnom en hommage à son idole), Floyd Mayweather Jr. ou Roy Jones Jr. citent tous Robinson comme une influence majeure dans leur développement pugilistique.

Ce qui distinguait Robinson était sa capacité à exceller dans tous les aspects du noble art. Contrairement à de nombreux champions qui compensent leurs faiblesses par des points forts exceptionnels, Robinson ne présentait aucune lacune significative. Sa garde était impénétrable, ses déplacements gracieux mais efficaces, son jab précis et puissant, ses crochets dévastateurs. Cette polyvalence technique reste inégalée et constitue la référence absolue pour évaluer l'excellence en boxe.

Sa capacité à s'adapter en plein combat, à lire son adversaire et à exploiter la moindre faille a révolutionné l'approche tactique de la boxe. Robinson ne se contentait pas de posséder toutes les armes techniques, il savait exactement quand et comment les déployer pour un maximum d'efficacité.

La reconversion difficile et l'héritage du terme "pound for pound"

Malgré une carrière sportive exceptionnelle, la vie de Robinson après la boxe s'avère nettement plus compliquée. Ayant dilapidé la majeure partie de ses gains estimés à 4 millions de dollars (une somme colossale pour l'époque) dans un train de vie fastueux et des investissements hasardeux, il connaît de graves difficultés financières. Sa tentative de reconversion dans le show-business se solde par un échec, tout comme ses multiples entreprises commerciales.

Atteint de la maladie d'Alzheimer dans ses dernières années, Robinson s'éteint en 1989 dans une relative pauvreté. Ce destin tragique contraste cruellement avec son excellence sur le ring et souligne la vulnérabilité des athlètes face aux défis de l'après-carrière.

Son héritage le plus durable reste sans doute le concept de classement "pound for pound" (livre pour livre), créé spécifiquement pour reconnaître sa supériorité technique indépendamment des catégories de poids. Cette notion, aujourd'hui fondamentale dans l'évaluation des boxeurs, permet de comparer des athlètes de différentes divisions en neutralisant l'avantage physique. Que ce terme ait été inventé pour Robinson illustre à quel point sa maîtrise du noble art dépassait les considérations habituelles.

Floyd mayweather jr. et la perfection défensive

Dans l'histoire récente de la boxe, un nom s'est imposé comme synonyme de perfection technique et d'invincibilité : Floyd Mayweather Jr. Surnommé "Money" pour ses gains financiers record autant que pour son style de vie ostentatoire, Mayweather a redéfini l'excellence pugilistique moderne à travers une carrière immaculée s'étendant de 1996 à 2017. Sa boxe défensive ultra-sophistiquée, sa précision chirurgicale et son intelligence tactique ont fait de lui l'un des boxeurs les plus difficiles à toucher et à battre de tous les temps.

Contrairement à d'autres légendes qui ont conquis les foules par leur puissance ou leur spectacle, Mayweather a bâti sa réputation sur une approche méthodique, calculée et scientifique du combat. Son style, privilégiant la sécurité et l'efficacité plutôt que le spectacle, a souvent été critiqué pour son manque d'explosivité, mais il lui a permis d'atteindre un niveau de domination rarement égalé dans l'histoire de ce sport.

Le bilan immaculé de 50-0 et la défense "shoulder roll"

Le fait le plus marquant de la carrière de Floyd Mayweather Jr. reste son bilan parfait de 50 victoires pour aucune défaite, égalant le record historique de Rocky Marciano. Cette invincibilité, maintenue sur plus de deux décennies au plus haut niveau et à travers cinq catégories de poids différentes (super-plume, léger, super-léger, welter et super-welter), témoigne d'une constance et d'une longévité exceptionnelles.

Au cœur de cette domination sans partage se trouve sa maîtrise incomparable de la défense "shoulder roll" (roulement d'épaule). Cette technique, perfectionnée sous la direction de son père et son oncle, consiste à utiliser l'épaule gauche comme bouclier pour bloquer les coups droits adverses, tout en gardant la main droite placée près de la joue pour parer les crochets. Cette posture défensive unique permet à Mayweather de contre-attaquer instantanément tout en minimisant les risques.

Les statistiques CompuBox illustrent l'efficacité stupéfiante de ce système défensif : au cours de sa carrière, Mayweather n'a été touché que par 16% des coups lancés par ses adversaires, un record absolu dans l'histoire moderne de la boxe. Cette capacité à ne quasiment jamais être atteint proprement lui a permis de terminer sa carrière sans séquelles physiques visibles, un exploit remarquable dans un sport aussi violent.

Le combat du siècle contre manny pacquiao en 2015

Le 2 mai 2015, après des années de négociations complexes et de provocations médiatiques, Floyd Mayweather et Manny Pacquiao s'affrontent enfin dans ce qui est alors baptisé "Le Combat du Siècle". Cette confrontation entre les deux meilleurs boxeurs de leur génération génère une attente planétaire sans précédent et des chiffres économiques vertigineux : plus de 4,6 millions de ventes en pay-per-view, des recettes de billetterie dépassant les 72 millions de dollars et une bourse totale estimée à 400 millions de dollars.

Sur le ring du MGM Grand de Las Vegas, Mayweather livre une démonstration tactique face à l'agressivité de Pacquiao. Fidèle à son style, il neutralise méthodiquement les offensives du Philippin grâce à son jab précis, ses déplacements latéraux et son impeccable timing de contre. Au terme des douze rounds, la décision unanime des juges (118-110, 116-112, 116-112) consacre sa supériorité technique.

Si ce combat n'a pas offert le spectacle espéré par certains fans, il a parfaitement illustré l'approche de Mayweather : la boxe comme science exacte plutôt que comme démonstration de courage ou de puissance. Cette victoire face à son plus grand rival contemporain cimente définitivement son statut parmi les légendes de ce sport.

La stratégie commerciale "money" et les records de pay-per-view

Au-delà de ses prouesses sportives, Floyd Mayweather Jr. a révolutionné le modèle économique de la boxe professionnelle. En 2006, il prend la décision audacieuse de racheter son contrat à son promoteur Top Rank pour 750 000 dollars, afin de devenir son propre promoteur via sa société Mayweather Promotions. Cette indépendance lui permet de contrôler tous les aspects de sa carrière et de maximiser ses revenus.

Ce virage stratégique s'accompagne d'une transformation de son image publique. Abandonnant son ancien surnom "Pretty Boy", il adopte la persona "Money" Mayweather, cultivant délibérément une image de villain ostentatoire qui polarise l'opinion. Cette stratégie marketing géniale s'avère extrêmement rentable : que les spectateurs paient pour le voir gagner ou perdre, l'essentiel est qu'ils paient.

Je ne me bats pas pour l'héritage. Je ne me bats pas pour l'histoire. Je me bats pour la ligne verte (l'argent).

Grâce à cette approche, Mayweather pulvérise tous les records financiers de la boxe. Ses combats contre Canelo Alvarez (2013), Manny Pacquiao (2015) et Conor McGregor (2017) figurent parmi les événements sportifs les plus lucratifs de tous les temps. Entre 2012 et 2015, il est systématiquement classé comme le sportif le mieux payé au monde par Forbes, avec des revenus annuels dépassant parfois les 300 millions de dollars.

Les légendes européennes dans l'histoire de la boxe mondiale

Si la boxe moderne a été largement dominée par les champions américains, le continent européen a néanmoins produit des boxeurs d'exception qui ont marqué l'histoire de ce sport. Des pionniers comme Georges Carpentier aux dominateurs contemporains comme les frères Klitschko, ces champions ont contribué à l'internationalisation de la boxe et à son développement technique, apportant souvent un style distinctif reflétant leurs traditions pugilistiques nationales.

L'Europe, avec ses différentes écoles de boxe – britannique, française, allemande, italienne ou de l'Est – a enrichi ce sport de nouvelles approches et de talents exceptionnels qui, malgré une reconnaissance parfois moindre que leurs homologues américains, méritent amplement leur place dans le panthéon des plus grands boxeurs de tous les temps.

Marcel cerdan, l'idole française et champion du monde des moyens

Figure mythique de la boxe française, Marcel Cerdan, surnommé "Le Bombardier Marocain", reste l'un des plus grands champions européens de l'histoire. Né en Algérie en 1916 et élevé au Maroc, cet athlète d'exception s'illustre d'abord sur la scène européenne avant de conquérir le titre mondial des poids moyens le 21 septembre 1948 en battant Tony Zale à Jersey City.

Son style de combat, basé sur une pression constante, une excellente défense et une puissance de frappe considérable, en faisait un boxeur complet et redouté. En 113 combats professionnels, Cerdan a remporté 110 victoires (dont 65 par KO) pour seulement 4 défaites, des statistiques qui témoignent de sa domination écrasante.

Sa carrière et sa vie sont brutalement interrompues le 28 octobre 1949, lorsque l'avion qui le transporte vers les États-Unis pour sa revanche contre Jake LaMotta s'écrase sur l'île de São Miguel aux Açores. À 33 ans, Cerdan disparaît au faîte de sa gloire, laissant derrière lui le souvenir d'un champion d'exception et d'un homme au charisme unique, notamment immortalisé par sa relation avec Édith Piaf.

Wladimir klitschko et la domination ukrainienne des poids lourds

Pendant près d'une décennie, de 2006 à 2015, les frères Klitschko ont régné sans partage sur la catégorie reine de la boxe. Wladimir, le cadet, s'est particulièrement distingué avec un règne de 9 ans, 7 mois et 7 jours comme champion unifié, le deuxième plus long de l'histoire chez les poids lourds après celui de Joe Louis.

Doté d'un physique impressionnant (1m98 pour environ 110 kg), d'un jab dévastateur et d'une droite foudroyante, Wladimir Klitschko a développé sous la direction de l'entraîneur Emanuel Steward un style tactique imparable : maintenir la distance avec son jab, immobiliser l'adversaire avec des saisies en corps-à-corps, puis décocher des combinaisons précises et puissantes pour finir le travail.

Son palmarès parle de lui-même : 64 victoires (dont 53 par KO) pour 5 défaites, 25 défenses de titre mondiales réussies et la détention simultanée des ceintures WBA, IBF, WBO et IBO.